• Un souffle sur ses lèvres, une douce phalange appuyant sur sa nuque, il se laissait faire avec l'envie profonde d'oublier son moine et sa peine de c½ur. Alors il ferma les yeux et entoura d'un bras possessif la chétive créature qui l'embrassait avec autant de douceur que de reconnaissance. Il passa une main dans les longs cheveux du jeune homme frémissant contre lui. Il se sentait dominant et les petits gémissements qui lui parvenaient aux oreilles semblaient l'exciter d'avantage, tandis que l'androgyne caressait son cou du bout de sa langue douce et chaude. Ruki sentit une chaleur qui lui était bien connue au niveau de son entrejambe et se mordit les lèvres, hésitant : Il avait sauvé ce pauvre de deux pervers dégoutant, mais pourtant en abusant de sa faiblesse pour oublier sa défaite amoureuse, il était aussi misérable que Reita et Miwaki.
    Il repoussa son protégé et se rassit dans une position plus confortable. Enfin il tourna sa tête vers lui et pu lire dans ses yeux pleins d'eau comme une supplique à ne pas l'abandonner. Le petit blond le regarda longuement, puis lui sourit et lui fit une accolade amicale et rassurante. Le brun fit une grimace de douleur et Ruki retira précipitamment sa main, la portant à son nez où il pu sentir l'odeur âcre du sang.

    -T-tu es blessé ? Qui t'a fait ça ?!

    Il se sentait outré et le fut plus encore lorsqu'il se rappela que le jeune homme ne pouvait pas lui répondre. Il saisit le brun par le bras mais celui-ci pris peur et tenta de se dégager. Malheureusement, affaibli comme il était, il ne réussit qu'à se faire encore plus mal. Ruki se calma un peu et lui expliqua ses intensions d'une voix douce :


    -Je vais t'amener dans ma chambre pour te soigner...

    Il vit le jeune homme se détendre et il put l'aider à se relever. Une fois debout, il le pris par la main et l'entraina hors de la grange. Rasant les murs, vérifiant si la voie était libre à chaque angle, ils pénétrèrent dans le bâtiment principal de l'Abbaye puis bifurquèrent vers les dortoirs et atteignirent enfin au bout d'un couloir sombre, éclairé seulement par un oeil-de-boeuf, la chambre de Ruki.


    -Je te préviens c'est un peu le bazar, fit Ruki tout de même un peu gêné en ouvrant la porte.

    Ils entrèrent et Ruki alla pousser la pile de vêtements qui encombrait son lit pour y faire assoir le bel androgyne, puis il alluma quelques bougies.


    -Je vais chercher de quoi te soigner ! Sur ces mots il disparut derrière une tenture en vieux coton rouge.

    Seul, le brun se mit à regarder autour de lui avec curiosité. Au contraire de l'abbaye qui était décorée avec luxe, la petite chambre restait humble mais joliment décorée par une multitude de dessins accrochés aux murs. Certains étaient des paysages magnifiques et d'autres des portraits de gens qu'il ne connaissait pas. Il jeta un regard circulaire sur la pièce : un petit bureau envahit d'une montagne de vêtements, une chaise tout aussi occupée, sur le mur une étagère comportant ni plus ni moins trois livres et un ours en peluche, qui fit sourire doucement le jeune homme. Il tourna la tête vers sa droite et vit, au dessus de la tête de lit, un grand portrait, fait au fusain, de deux personnes. La première lui était inconnue, le jeune homme faisait un sourire plein de vitalité tandis qu'il serrait dans ses bras celui qui devait être son meilleur ami. Il reconnu le petit blond qui l'avait sauvé en cette dernière personne. Celui-ci semblait irradier de bonheur et on aurait presque dit qu'il rougissait tant le dessin avait été poussé à la perfection.
    Aoi, car tel était son nom, poussa un petit soupir et pensa à la soirée qu'il aurait eut si le blondinet ne l'avait pas aidé. Une soirée comme une autre surement, avec des coups de fouet pour le dissuader de s'enfuir, un viol, encore des coups de fouet parce qu'il n'aurait pas mis du sien, re-viol, quelques pieds dans les côtes puis le noir, et le lendemain mal aux reins, mal partout, le c½ur en triste état et le moral à zéro.
    Ce soir au moins, il ne se serait fait violé qu'une seule fois, c'était déjà ça de gagné. Il ne put s'empêcher de sourire sadiquement en se remémorant la tête qu'avait fait Reita lorsqu'il l'avait mordu de toutes ses forces au lieu de le sucer docilement comme il était censé le faire.

    Ruki revint à ce moment, les bras chargés d'une bassine où se trouvaient entassés des bandages de coton et d'une serviette. Il posa le tout sur la table de chevet et fit demi-tour pour réapparaitre avec un pichet d'eau bouillante dans sa main gauche et un bol bleu rempli d'une substance étrange dans l'autre.
    Il vida la bassine sur le bord du lit et la rempli d'eau. Il déposa le petit bol à côté et se tourna vers le brun.

    -Il va falloir que tu enlèves ta tunique.

    L'androgyne hocha la tête et entreprit de faire ce que le petit blond lui disait. Mais la tâche fut plus ardue que prévue car le sang avait à moitié coagulé sur le tissus et Aoi poussait des petits cris de douleur à chaque fois qu'il tirait sur le vêtement. Ruki se glissa derrière lui pour l'aider et le jeune homme se laissa faire, reconnaissant et honteux ,de ne pas savoir se débrouiller seul, à la fois.
    Le cuisinier grimaça à la vue de son dos strié et le fit s'allonger sur le ventre pour le désinfecter. Il trempa la serviette dans l'eau brûlante, l'essora, et l'appliqua avec douceur sur les blessures du brun. Ce dernier serra les dents et se concentra sur la voix douce qui lui parlait.

    -C'est Reita et Miwaki qui t'ont fait ça hein ? Avec un fouet ou des verges, m'enfin ils sont cons ces deux là ! Au lieu d'aller violer les gens, ils pourraient pas baiser entre eux ? Roh putain ça m'énerve les gens comme ça ! Tu as eu de la chance que je sois là, les connaissant ils auraient ratissés toute la grange et piqués le foin avec une bêche.

    Aoi sourit, en effet il avait eu de la chance. Beaucoup de chance même. Ruki délaissa la serviette sur le parquet, se lava les mains et se saisit du bol bleu.

    -Ah ! Mais je ne me suis pas encore présenté ! Je m'appelle Ruki Matsumoto et toi ? Ah oui merde c'est vrai que tu es muet... Je crois que je ne m'y ferai jamais, j'aime trop parler avec les gens ! Nan en fait j'aime parler tout court !

    Il éclata de rire et enduisit ses doigts de l'étrange mixture.


    -Ce sont des graines de pavots pilées et mélangées avec de l'eau pour faire une pâte. Ça va apaiser ta douleur et tu pourras mieux dormir ainsi...

    Il badigeonna le dos d'Aoi et le refit s'assoir pour pouvoir lui mettre les bandages.
    Quant au brun, ses blessures le picotèrent un instant mais il eut bientôt la surprise de ne plus sentir la douleur. Il sentait juste les mains fraîches du dénommé Ruki qui frôlaient sa peau en enroulant le bandage de tissus autour de son buste.
    Le petit blond termina son oeuvre par un petit noeud serré puis se redressa et tendit une pomme à son protégé et lui dit en souriant :

    -Bon, mange ça je vais chercher quelques vêtements à ta taille !

    Aoi acquiesça et regarda le petit cuisinier fermer la porte de la chambre derrière lui avant de croquer à pleines dents dans le fruit.

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